miércoles, 22 de julio de 2015

“Les fleurs du mal”,LA GÉANTE , de Charles Baudelaire

XIX. LA GÉANTE

Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux;
Deviner si son coeur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;

Parcourir à loisir ses magnifiques formes;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,

Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XIX. LA GIGANTA

Cuando Naturaleza en su pujante impulso
Creaba cada día criaturas monstruosas,
Hubiera deseado juntarme a una giganta,
Como al pie de una reina un gato voluptuoso.

Verla hubiera querido brotar en cuerpo y alma
Y así libre crecer en sus terribles juegos;
Prever si el corazón incuba oscura llama
En las húmedas nieblas que nadan en sus ojos;

Con calma recorrer sus magníficas formas;
Trepar por la vertiente de sus grandes rodillas,
Y a veces en verano, cuando malsanos soles,

Lasa, la hacen tumbarse a través de los campos,
Dormir tranquilamente amparado en sus senos,
Como apacible aldea al pie de una montaña.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

No hay comentarios:

Publicar un comentario