domingo, 16 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LA FONTAINE DE SANG, de Charles Baudelaire

LXXXIV. LA FONTAINE DE SANG

Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rhytmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure

A travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s'en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque cráture,
Et partout colorant en rouge la nature.

J'ai demandé souvent à des vins captieux
D'endormir pour en jour la terreur qui me mine;
La vin rend l'oeil plus clair et l'oreille plus fine!

J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux;
Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles
Fait pou donner à boire à ces cruelles filles!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXXXIV. LA FUENTE DE SANGRE

A veces me parece que mi sangre va a golpes,
Igual como una fuente de rítmicos sollozos.
La oigo como fluye con un largo susurro,
Pero me palpo en vano para encontrar la herida

A través la ciudad, cual en campo acotado,
Ella va, transformando las losas en isletas,
Aliviando la sed de cada criatura,
Y coloreando en rojo a la Naturaleza.

He pedido a menudo a vinos seductores
Acallar por un día el terror que me mina;
¡El vino aclara el ojo y hasta la oreja afina!

En el amor busqué un sueño olvidadizo;
¡Pero no es el amor sino colchón de agujas
Para dar a beber a esas crueles muchachas!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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