miércoles, 19 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LE VIN DU SOLITAIRE, de Charles Baudelaire

XCVI. LE VIN DU SOLITAIRE

Le regard singulier d'unne femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante.

Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur;
Un baiser libertin de la maigre Adeline;
Les sons d'une musique énervante et câline,
Semblant au cri lointain de l'humaine douleur,

Tout cela en vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes pénetrants que ta panse féconde
Garde au coeur altéré du poëte pieux;

Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,
-Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux!

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XCVI. EL VINO DEL SOLITARIO

La singular mirada de una mujer galante
Que desciende a nosotros como la blanca luz
Que la luna ondulada manda al lago que tiembla,
Cuando quiere bañar su belleza indolente.

Las últimas monedas que tiene un jugador;
Un beso libertino de la flaca Adelina;
Los sones de una música enervante y mimosa,
Como el lejano grito del humano sufrir,

Todo ello no vale, oh botella profunda,
El penetrante bálsamo que tu fecundo vientre
Reserva al corazón del poeta piadoso;

Tú le viertes la vida, juventud y esperanza,
-¡Y el orgullo, tesoro de todo pordiosero,
Que nos vuelve triunfantes y a dioses parecidos!

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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