sábado, 15 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, LES DEUX BONNES SOEURS, de Charles Baudelaire

LXXXIII. LES DEUX BONNES SOEURS

La Débauche et la Mort son deux aimables filles,
Prodigues de baisers et riches de santé,
Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles
Sous l'éternel labeur n'a jamais enfanté.

Au poëte sinistre, ennemi des familles,
Favori de l'enfer, courtisan mal renté,
Tombeaux et lupanars montrent sous leurs charmilles
Un lit que le remords n'a jamais fréquenté.

Et la bière et l'alcôve en blasphèmes fécondes
Nous offrent tour à tour, comme deux bonnes soeurs,
De terribles plaisirs et d'affreuses douceurs.

Quand veux-tu m'enterrer, Débauche aux bras immondes?
Ô Mort, quand viendras-tu, sa rivale en attraits,
Sur ses myrtes infects enter tes noirs cyprès?

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LXXXIII. LAS DOS BUENAS HERMANAS

Libertinaje y Muerte son dos buenas muchachas,
Prodigas de sus besos y ricas en salud,
Cuyas caderas vírgenes revestidas de harapos
Pese a la eterna siembra jamás han alumbrado.

Al poeta siniestro, opuesto a la familia,
Valido del infierno, cortesano sin renta,
Tumbas y lupanares muestran bajo sus sombras
Un lecho que jamás frecuentró la atrición.

Y el féretro y la alcoba con fecundas blasfemias
Nos ofrecen por turno, como buenas hermanas,
Placeres espantosos y horrorosas dulzuras.

¿Cuando me enterrarás, Libertinaje inmundo?
Muerte, ¿cuándo vendrás -rival en atractivos-,
A injertar tus cipreses en sus infectos mirtos?

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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