domingo, 2 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire..., de Charles Baudelaire

XXXVII.

Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire,
Que diras-tu, mon coeur, coeur autrefois flétri,
A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère,
Dont le regard divin t'a soudain refleuri?

-Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges:
Rien en vaut la doucer de son autorité;
Sa chair spirituelle a le parfum des Anges,
Et son oeil nous revêt d'un habit de clarté.

Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,
Que ce soit dans la rue et dans la multitude,
Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau.

Parfois il parle et dit: “Je suis belle, et j'ordonne
Que pour l'Amour de moi vous n'aimiez que le Beau;
Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone.”

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


XXXVII.

¿Qué dirás esta noche, pobre alma solitaria,
Qué dirás, corazón, marchito en otro tiempo,
A la muy bella, a la muy buena, a la muy cara,
Cuyo mirar divino te ha hecho rebrotar?

-Pondremos nuestro orgullo a entonar sus loores:
Nada iguala en dulzura a su autoridad;
Su carne espiritual tiene aroma de Ángel,
Y sus ojos nos visten de un hábito de luz.

Bien sea por la noche, bien en la soledad,
Bien sea por la calle o entre la multitud,
Su fantasma en el aire baila como una llama.

A veces habla y dice: “Yo soy Bella, y ordeno
Que por Amor a mí no améis sino lo Bello;
Soy el Ángel guardián, la Musa y la Madona.”

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

No hay comentarios:

Publicar un comentario