jueves, 6 de agosto de 2015

“Les fleurs du mal”, À UNE DAME CRÉOLE, de Charles Baudelaire

LIV. À UNE DAME CRÉOLE

Au pays perfumé que le soleil caresse,
J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés
Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud; la brume enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d'orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites,
Germer mille sonnets dans le coeur des poëtes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1837.


LIV. A UNA DAMA CRIOLLA

En un país fragante que acaricia el sol,
He visto, bajo un palio de árboles color púrpura
Y palmeras de donde desciende la pereza,
Una dama criolla de ignorados encantos.

De tez caliente y pálida; la morena hechicera
Tiene en el cuello aires noblemente oscilantes;
Alta y esbelta andando como una cazadora,
Su sonrisa es tranquila y sus ojos seguros.

Señora, si vos vais al país de la gloria,
A la orilla del Sena o a la del verde Loira,
Bella digna de ornar sus antiguas mansiones,

Haríais, al abrigo de umbrosas enramadas,
Germinar mil sonetos en almas de poetas,
Que a vos se rendirían cual servidores negros.

Charles Baudelaire
(Versión de Pedro Casas Serra)

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